Interview d’Hervé Pétard, pour « Habitat Naturel »

pose-mur-monomurJe crois beaucoup aux qualités de I’isolation répartie et au confort si particulier qu’offre la brique Monomur. Ce matériau présente également l’avantage d’être particulièrement durable, l’enveloppe ainsi constituée ne bouge pas et résiste aussi bien au temps qu’à l’humidité. Les performances sont ainsi constantes. Enfin, la brique Monomur Terre Cuite est intéressante du point de vue de la qualité de l’air intérieur : elle n’est composée que d’argile, cuite et donc inerte, qui n’impacte aucunement la qualité de l’air intérieur. Pour toutes ces raisons, le Monomur Terre Cuite s’est affirmé comme une réponse aux ambitions du Grenelle de I’Environnement.

A côté des objectifs ambitieux et légitimes des économies d’énergie, il s’agissait de ne pas faire I’impasse sur la problématique sanitaire et sur la santé humaine. L’étiquetage auquel nous aboutissons cette année est un premier pas. Mais il ne va pas assez loin selon nous : il n’informe pas, par exemple, sur le risque fongique et la propension de certains matériaux à favoriser le développement des moisissures. Or, le principe de précaution devrait permettre au consommateur de sélectionner ses matériaux de construction en étant informé de toutes les caractéristiques et des risques, notamment sanitaires…

La diminution des impacts environnementaux est l’un des deux terrains sur lesquels le secteur a réellement progressé (l’autre étant la performance thermique). Il s’agit d’un travail volontaire de la filière, qui s’est soldé par une diminution de 42 % des émissions de C02 au cours des 40 dernières années. Nous sommes parvenus à un tel résultat en séchant mieux les briques avant cuisson et en les cuisant mieux (en diminuant le recours aux énergies fossiles). L’utilisation du bois et du biogaz pour le fonctionnement des fours a également permis d’améliorer ce bilan. De nombreuses usines en France sont situées à proximité de centre d’enfouissement avec méthanisation…

Par ailleurs, soulignons que le bon maillage des sites de production sur le territoire français limite considérablement les consommations énergétiques et les pollutions associées aux transports des matières premières comme des produits finis.

Avec du Monomur de 37,5 cm d’épaisseur, nous obtenons, en moyenne chez les différents fabricants, une résistance thermique (R) de I’ordre de 3 à 3,2. Pour dépasser cette résistance, ajouter une isolation rapportée par l’intérieur serait, selon moi, une aberration car alors, on ne profiterait plus de I’inertie offerte par la brique Monomur et du confort qui va avec. Il est par contre envisageable de doubler par I’extérieur. Mais il ne s’agit plus alors uniquement d’isolation répartie et donc plus exactement de Monomur au sens propre…

Certains adhérents misent sur une augmentation de I’épaisseur et proposent d’ores et déjà des briques Monomur de 40 ou de 50 pour obtenir un R au-delà de 4. Mais de telles dimensions peuvent être délicates à gérer sur les chantiers. D’autres pistes se dessinent du côté des alvéoles, l’idée étant d’augmenter le chemin parcouru par les flux thermiques. Il est également possible de travailler sur la préparation de la pâte argileuse en la porosant le plus possible avec des ajouts de déchets de papeterie ou de la sciure. A la cuisson, ces ajouts disparaissent en laissant des bulles d’air dans la matière, qui devient plus isolante. Dernière piste : ajouter de l’isolant (comme de la perlite ou de la laine de roche) dans les alvéoles.

En termes de performances thermiques, les progrès apportés par la brique Monomur ont largement profité à la brique de construction traditionnelle. La brique de 20 est ainsi passée d’un R de 0,75 à un R supérieur à 1,30 au cours des dernières années. Cette progression permet d’atteindre un R global des parois dépassant 5 de manière relativement simple avec un isolant rapporté, et sans changer les habitudes constructives. Ces progrès ont mené à une augmentation incontestable des parts de marché global de la brique en terre cuite : il y a 10 ans, la brique représentait 20 % du marché de la maison individuelle, aujourd’hui, c’est 40 % : autant que le parpaing.

Parmi les maisons labellisées ou en cours de labellisation BEPOS-Effinergie®, la brique atteint 60 % de parts de marché! (Monomur de 30, 37 et brique de 20 compris).


 

Mars/Avril 2012

Schéma de production de la brique Monomur terre cuite Agrandir